Le Grand Tour : préoccupations, actus et ressources des tiers-lieux

[Précédemment dans Le Grand Tour] : La Compagnie est partie à la rencontre des lieux. Retrouvez les deux premiers articles : A l’origine, Le Grand Tour des tiers-lieux ! et Le Grand Tour :  on vous présente Louis et le dispositif ! .On s’est échangé et transmis des infos. Oui, mais lesquelles ? Et qu’est-ce qui préoccupe les lieux en ce moment ? Entrons maintenant dans le concret !

Pour nous permettre d’y voir plus clair dans le traitement des informations recueillies, nous les avons rangées dans 3 catégories. 

1. Les informations “chaudes”

La première, considérée comme la plus “urgente” sera celle des “informations chaudes”. Ce sont les besoins et problématiques rencontrés par les lieux. Le but étant de cerner où et comment les lieux ont besoin d’aide. Cela permet à la Compagnie de : 

  • Mieux comprendre et analyser les problématiques redondantes dans les tiers-lieux.  Eh oui, certaines problématiques font partie de la réalité de nombreux lieux. 
  • Activer et alimenter le réseau tiers-lieux. 

Souvent lors des visites, la conversation permettait de directement orienter les porteur.euses de projet vers les contacts qui peuvent les aider, c’est ce qu’on appelle « le compagnonnage ». C’est d’ailleurs pour cela que la Compagnie s’appelle comme ça ;) !

Si ce n’était pas le cas à l’instant T, la carte “hotline grand tour” était sortie, invitant les personnes à se rendre sur le Chat des tiers-lieux afin d’interpeller le réseau sur les canaux concernés pour trouver des réponses. 

On perd pas l’nord ! Faire réseau et mettre en commun, c’est aussi et surtout être là pour aider les copaines et se serrer les coudes en partageant ses compétences et ses bonnes pratiques.

Photo de l'intérieur du tiers-lieu "Le Calibou" situé à Godewaersvelde (59)
Le Calibou (Godewaersvelde) souhaite développer ses liens avec d’autres lieux culturels

Vous trépignez d’impatience de savoir quelles sont les péripéties rencontrées par nos chers tiers-lieux ? Notez-les bien, essayez d’y réfléchir, elles constitueront notre base de réflexion lors de la journée du 30 juin

Roulement de tambour… présentation du top 3 des sujets les plus “touchy” ! 

Numéro 1, communément appelé “le nerf de la guerre” : l’économie ! 

Les problèmes et inconforts liés à l’argent sont ceux qui reviennent le plus souvent lors de ce Grand Tour. Ici, 13 lieux sur 30 sont concernés. Malheureusement, l’économie sociale et solidaire n’est pas épargnée par les crises actuelles… Quels que soient les services proposés par un tiers-lieu, les règles sont les mêmes : il faut réussir à dégager assez d’argent pour que le lieu soit viable économiquement et que ses occupants aient les moyens d’agir. Si l’un des avantages du secteur de l’économie sociale et solidaire se trouve dans une hybridation des ressources, il arrive que cela ne suffise pas, surtout en période de crise. 

L’enjeu se situe donc dans la pérennisation d’un modèle économique, fragilisé quand il ne fonctionne qu’avec des dons ou des subventions. 

Parfois, le lieu a simplement besoin d’un coup de pouce pour asseoir son modèle économique. C’est le cas à la Timbale, Fabrique coopérative Calaisienne : « Le lieu a gardé l’activité économique du précédent locataire, mais on pense à maintenant apporter la touche tiers-lieu ». Dans ce cas, le modèle économique comprenant activités marchandes et non marchandes, ne pourrait plus être équilibré par la seule activité du bar. 

Enfin, une analyse encore plus fine est nécessaire pour mettre en œuvre des projets plus lourds comme des travaux d’aménagement du lieu, ou bien faire de l’insertion professionnelle. 

On en vient vite à la fameuse question : Comment trouve-t-on l’argent ?! 

Car malheureusement, comme l’a si bien dit Philippe de la Grande Maison, lors de notre rencontre :  “Tout le monde est toujours d’accord, c’est quand il faut commencer à sortir le chéquier que ça devient compliqué”.

Voilà l’un des premiers constats : il est important que la Compagnie « ait un œil  » sur la viabilité des modèles économiques et puisse, le cas échéant, apporter des ressources et conseils aux tiers-lieux qui en ont besoin, avant qu’il ne soit trop tard. 

Numéro 2 : les difficultés dans les relations et partenariats avec les collectivités et les organismes institutionnels

Ici, 10 lieux nous ont parlé de ce problème.  Le jargon et les temporalités ne sont pas les mêmes entre collectivités et porteurs de projets de TL. Il arrive que les collectivités ne mesurent pas les bienfaits des tiers-lieux sur leur territoire, voire ne comprennent pas de quoi il s’agit ni à quoi cela peut bien servir… il y a du boulot ! Sans compter sur l’effet de mode,  qui pousse certaines communes à vouloir « leur tiers-lieu » sans comprendre qu’il doit avant tout être une réponse à un besoin de territoire. Là encore, les esprits s’échauffent et les projets en pâtissent. 

Les relations entre les lieux et l’institutionnel peuvent devenir délicates. Il a été conclu qu’un besoin de médiation voire d’accompagnement (par un tiers expert) est parfois nécessaire. L’idée est de re-créer un lien de confiance et d’intérêt des élus envers les tiers-lieux et inversement. Dans le réseau de la Compagnie, des personnes sachant « parler l’institutionnel », il y en a. Une idée vient alors : organiser des visites de territoires avec des élus impliqués dans nos dynamiques, qui parleraient de  pair à pair aux élus plus réticents ou moins aguerris au sujet. 

Numéro 3 : la solitude et l’épuisement des porteurs de projet de tiers-lieux

Si très peu de porteur.euses l’ont évoqué directement, un sentiment d’épuisement se fait ressentir. Certains signes de stress ou discours évoquant la surcharge et la solitude, pousse la Compagnie à évoquer le besoin de vigilance et d’accompagnement dans la gestion ou l’anticipation des risques psychosociaux des porteur.euses et de leurs équipes.  

Les problèmes liés à l’économie d’un lieu n’arrangeant pas la situation, les deux problématiques sont souvent corrélées. Nous aborderons ces deux sujets structurants dans un prochain article. 

Bien entendu, d’autres problématiques ont été évoquées durant le Grand Tour. Si elles ne sont pas toutes traitées dans cet article, voici un diagramme qui vous permettra d’apercevoir la globalité de celles-ci.

Diagramme présentant les différentes typologies d'informations chaudes partagées par les tiers-mieux
Etat des lieux des informations chaudes recueillies pendant le Grand Tour

2. Les informations “froides” : les actualités des tiers-lieux

Les secondes informations récoltées sont nommées « informations froides ». Elles concernent l’actualité ou la programmation des lieux, les projets en cours ou à venir, les formations dispensées, les expériences à partager… 

Vous imaginez bien que tout lister dans cet article serait un peu long et fastidieux. Mais je ne peux pas m’empêcher de vous donner quelques exemples. 

Vous n’êtes pas sans savoir que la Compagnie dispense la formation “Piloter un Tiers-Lieux” et intervient aussi dans le Master “Tiers lieux et dynamique territoriale” de Valenciennes. Les deux formations pouvant s’effectuer en alternance, la “Coopérative numérique des 7 vallées” se questionne sur l’accueil d’un.e alternant.e au sein de sa structure. Et oui, c’est un bon moyen pour renforcer les équipes !

D’autres RDV sont partagés, comme celui que propose annuellement La Chartreuse de Neuville lors de ses Rencontres Annuelles. Cette année, le thème sera : “Le monde de demain s’invente-t-il aussi à plus d’une heure des métropoles ?”. Pertinent ! 

Je pourrais continuer la liste, mais laissons-nous quelques surprises à découvrir ensemble le jour de notre rencontre “Chez Oscaar” ! 

3. Les tiers-lieux, pleins de ressources !

Enfin, le dernier type d’informations recueillies (mais clairement pas des moindres) : « les ressources et dynamique de réseau ». Pas de mystère derrière le nom de cette catégorie. L’idée étant de savoir sur quels lieux et acteur.ice.s, il est possible de s’appuyer, pour porter quelle thématique, comment etc. 

Du réseau, du réseau, on veut du réseau ! 

Vue du tiers-lieu le Maillon Fertile situé à La Ferté-Milon (02)
Le Maillon Fertile (La Ferté-Milon) partage son envie de monter un projet autour de l’alimentation

11 lieux différents ont évoqués l’envie de construire ou de rejoindre des réseaux thématiques : que ce soit sur des thématiques plus globales comme celle des tiers-lieux culturels ou sportifs, ou des catégories de lieux spécifiques, telles que les épiceries solidaires ou les recycleries…

Parmi tous, une envie est ressortie plusieurs fois. 7 lieux ont évoqué le désir de créer un réseau de cafés solidaires et citoyens, qui permettrait de gérer des problématiques communes ou encore de mutualiser des outils d’organisation, de gestion etc. C’est ce genre de projet qu’aime soutenir la Compagnie. Elle encourage le regroupement des énergies, la co-création de projet,  l’innovation territoriale au service des transitions. Comment ? En soutenant les projets financièrement, en proposant son aide via les compétences de son équipe et ses services supports (communication, animation de réseau, outils de gestion, formation…). 

Faire réseau, c’est aussi le partage de compétences, d’expériences ou de bonnes pratiques :  cela peut être utile pour devenir un relais local, faire de l’accompagnement de projets émergents, faire de la veille sur les appels à projets, accueillir et contribuer au montage d’évènements, proposer son savoir-faire audiovisuel, comme on le fait Chez Oscaar et les Parasites. Au total, 7 lieux se disent prêts à mettre la main à la pâte.

Nous n’en doutions pas, nos tiers-lieux sont pleins de ressources ! Il est maintenant temps de s’appuyer sur celles-ci, de les partager et d’alimenter un réseau des tiers-lieux en mettant en commun ses petites pépites. 

Rendez-vous le 30 juin, Chez Oscaar à Marly pour continuer à découvrir et partager toutes les informations récoltées durant ce Grand Tour et réfléchir ensemble à la suite de l’aventure tiers-lieux !