Consentement contre consensus – une portée révolutionnaire

La pratique du consentement crée des organisations beaucoup plus efficaces, tant mieux. Mais ce n’est pas ça la révolution cachée dans la montée en puissance du consentement et l’abandon progressif du consensus. Dans cet article, Benoît De Haas, contributeur au développement des communs et des tiers-lieux / La Compagnie des Tiers-Lieux, nous livre son point de vue.

Au départ …

Lorsque quelqu’un découvre le consentement et commence à remplacer ses habitudes de pratiques du consensus par le consentement, il est frappé par l’efficacité et la logique. Il ne comprend pas comment il a pu pratiquer le consensus si longtemps. Mais l’efficacité n’est pas la force principale de la pratique du consentement dans nos organisations. Sa portée est bien plus révolutionnaire. En effet, s’il s’agissait juste de mieux travailler et d’atteindre plus rapidement nos objectifs, la face du monde ne serait pas plus bouleversée que ça. Pourtant, les organisations qui pratiquent le consentement dans ses considérations les plus radicales ne ressemblent plus du tout aux anciennes organisations dans lesquelles nous avons eu la malchance d’évoluer par le passé.

Illustration CC BY SA : Benoît De Haas

Qu’est-ce qui change avec le consentement ?

Le consentement permet de passer d’une déresponsabilisation individuelle dans un espace collectif à une responsabilisation individuelle dans un espace collectif. Dans le consentement il n’y a plus de décisions collectives. L’individu ne peut plus se cacher derrière le collectif lorsqu’il y a un problème et ainsi se déresponsabiliser sur les actes qui ont été les siens.

Dans le consentement, lorsqu’il y a un problème, le collectif aide l’individu à faire face, à regarder le problème et à l’affronter. C’est difficile d’affronter un problème seul, particulièrement quand toute sa vie on a été déresponsabilisé par des pratiques sociales nauséabondes comme le management néolibéral mais aussi avec une éducation parentale basée sur la surprotection ou le manque de respect.

C’est là que la force du collectif intervient…

Le collectif doit créer les conditions d’un bon affrontement avec les problèmes que certains de nos actes ont généré afin que l’on puisse avoir une pratique saine et sécurisante de la responsabilité individuelle.

Rares sont les personnes capables d’assumer leurs responsabilités seules, il faut une sacrée dose de courage et une sacrée confiance en soi pour y parvenir. Même lorsque l’on a du courage et de la confiance en soi, parfois on ne dispose même pas de la capacité à identifier les conséquences de nos actes. Seul le collectif et sa force sociale et conviviale peut permettre de créer des conditions sécurisantes pour assumer ses responsabilités, jamais un chef, un manager ou un directeur ne seront en mesure d’offrir de telles conditions.

La communauté, elle, en est capable ; qu’elle s’en rende compte et qu’elle s’en donne les moyens.